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Comment travailler avec les parents d'enfants de 2 à 15 ans? quelques pistes

Texte de l’intervention réalisée lors du webinaire du 6 mars 2023, sur le thème du travail avec les parents d’enfants de 2 à 15 ans qui bégaient et bredouillent.

Bonsoir à tous !
Tout d’abord, je voudrais remercier Halil Tayip Usal et l’université d’Ankara, grand merci pour leur invitation !
Je suis orthophoniste depuis 2001, formée au bégaiement depuis 2005 et sur le bredouillement depuis 2013, je suis également enseignante pour les étudiants et formatrice pour les orthophonistes.
Aujourd’hui, nous allons voir comment les parents de jeunes enfants de 2 à 15 ans peuvent être de véritables partenaires dans le processus thérapeutique.
Il est communément admis de travailler avec les parents d’enfants d’âge préscolaire et les principaux programmes incluent les parents à ce stade, mais je souhaite insister sur l’importance de ce travail pour les enfants d’âge scolaire et les adolescents.
Tout d’abord, je vous donnerai quelques idées à retenir, trouvés dans des publications récentes sur l’efficacité du traitement, les facteurs communs et l’alliance thérapeutique.
Ensuite, il s’agira d’un travail collaboratif :
Je ne vous donnerai pas ma façon de faire ce partenariat avec les parents car elle est très spécifique à ma culture, à ma façon de faire et à mon cadre légal français. Après cette présentation vous aurez donc 15 minutes pour remplir des « padlets » avec vos idées, ces padlets seront édités en PDF et envoyés par Halil après le webinaire.
Voici quelques mots décrivant l’expérience de la parentalité : elle peut aller de l’extrême bonheur à l’extrême confusion voire à des moments de désespoir. Être parent d’un enfant qui bégaie peut-être un défi encore plus grand.
(Diapositive fournie par George Fourlas) Il s’agit du traitement des adultes, d’abord dans le domaine de la psychothérapie, et c’est également étudié dans les résultats des thérapies du bégaiement chez les adultes.
Première chose à savoir : Un traitement vaut mieux que pas de traitement du tout.
Rappelez-vous : le bégaiement et le bredouillement sont des troubles très complexes, il y a donc un niveau élevé d’incertitude quant à l’adéquation des programmes de traitement à la situation du patient.
On peut constater sur cette diapositive que l’alliance thérapeutique (30%) et les ressources du patient (40%) peuvent constituer une part importante des ingrédients d’un traitement ayant de bons résultats : jusqu’à 70%
Pour les thérapies de l’enfant, le rôle des parents est un ingrédient majeur des ressources du patient.
Depuis 50 ans, de nombreux articles scientifiques ont tenté de prouver qu’un traitement avait de meilleurs résultats que les autres mais aucun traitement n’a été prouvé comme étant LE meilleur pour toutes les situations.
De nombreux traitements différents ont cependant fait la preuve d’une forme d’efficacité. Une grande partie de la littérature se concentre donc désormais sur les facteurs communs de ces traitements.
Rosalee Shenker (2018) et Patricia Zebrowski (2022) ont mis en évidence les facteurs communs des traitements du bégaiement chez les enfants d’âge préscolaire. Parmi ces facteurs on trouve :
Le travail avec les parents
– Une thérapie individualisée
– Une alliance thérapeutique considérée comme importante
Dans un article de 2010 Laura Plexico développe la notion d’alliance thérapeutique :
Bordin (1979) a été le premier à nommer cette relation « alliance de travail », la décrivant comme la situation dans laquelle la dyade thérapeutique est engagée dans un travail de collaboration. L’alliance de travail est également décrite comme l’aspect sain et confiant de la relation entre le client et le thérapeute.
Les deux notions centrales de cette alliance thérapeutique sont :
– La motivation du patient pour le traitement
– L’accord du-de la thérapeute et du-de la patient-e sur les tâches significatives à accomplir pour parvenir à un changement
Hilda Sonsterund (2019) décrit le « lien thérapeutique » comme « ce lien stable et sous-jacent, peut-être associé à des caractéristiques du clinicien et du client telles que la présence, la réceptivité, l’authenticité et l’engagement ».
Selon elle, les caractéristiques du thérapeute devraient être : un-e professionnel-le, passionné-e, confiant-e, engagé-e, fermement convaincu-e que la thérapie peut fonctionner et que le-la patient-e peut changer. L’orthophoniste devrait être bienveillant-e, prêt-e à écouter sans jugement, prendre en compte la situation socioculturelle et se concentrer sur l’application des techniques dans la  » vraie vie « .
Maxine Johnson et Susan Baxter et al (2018) ont publié une revue de littérature sur l’efficacité des traitements du bégaiement (3 articles). Parmi ceux-ci, un article visait à identifier et synthétiser les recherches qualitatives pertinentes sur les expériences des personnes délivrant et recevant des interventions visant à améliorer la fluidité.
Je ne soulignerai pas les avantages de tel ou tel programme de traitement dans le cadre de cette présentation, j’insisterai davantage sur les sentiments potentiels des parents, en tant que pièges à éviter.
études sur le Lidcombe Program : une forte implication des parents peut également conduire à un sentiment de grande responsabilité en cas d' »échec », il faut donc travailler tout au long du processus thérapeutique pour répondre à cette anxiété.
Le TEMPS est une question critique dans la thérapie du bégaiement, et c’est un aspect important du traitement : vous devez prendre le temps d’aider les parents à prendre du temps à la maison et dans la vie quotidienne de la famille.
Nous voici arrivé-es à l’article le plus intéressant concernant le travail avec les parents : Laura Plexico et Embry Burrus ont réalisé en 2012 une interview qualitative de 12 parents d’enfants âgés de 6 à 14 ans, en collectant des données sur leurs expériences quotidiennes : la façon dont ils géraient physiquement, émotionnellement et cognitivement le fait d’avoir un enfant qui bégaie.
Puis elles ont réalisé une analyse phénoménologique : elles ont rassemblé tous les thèmes mentionnés par les parents et les ont regroupés. Il faut souligner ici que tous les entretiens des participants montraient des niveaux élevés de stress chez les parents.
3 thèmes principaux ont été mis en évidence :
– L’incertitude sur la cause et la nature du bégaiement
– La mise en place de stratégies d’adaptation utilisées pour gérer le bégaiement, avec un désir de faire ce qu’il y a de mieux pour leur enfant.
– Une peur que leur enfant soit limité dans sa vie à cause du bégaiement.
La littérature sur l’adaptation au stress a démontré que lorsque les ressources ne sont pas disponibles, les individus deviennent plus vulnérables aux effets du stress et peuvent connaître une moins bonne adaptation. En revanche, lorsque les ressources sont disponibles, les individus deviennent plus résistants et moins vulnérables aux effets négatifs du stress (Lazarus & Folkman, 1984).
Selon Plexico et Burrus, 4 domaines fondamentaux sont à prendre en considération dans la relation avec les parents :
– Apporter de l’information
– Contribuer au développement d’un réseau de soutien
– Travailler sur le système familial
– Favoriser l’esprit d’équipe
Je ne parlerai pas longtemps de l’apport d’informations, car les orthophonistes savent très bien que cela fait partie de leur travail, mais je voudrais juste insister sur une chose : la plupart des parents ont besoin de plus d’informations qu’ils n’en demandent.
Nous devons répéter régulièrement et de différentes manières certaines informations, ou demander aux parents s’ils ont besoin de plus d’informations.
Les 2 principales questions que se posent les parents au début de la thérapie :
– Combien de temps cela va-t-il durer ? Bien sûr vous ne savez pas exactement combien de temps, mais donnez des étapes le long du chemin !!!
– Que devront-ils faire en tant que parents ?
Pour les 3 autres domaines, vous pouvez consulter ici les PDF des padlets:

Et vous, comment travaillez-vous avec les parents ?