En préambule

Bienvenue sur ce blog !

Evidemment émue et joyeuse d’entamer de nouveau chemin, je vous propose un premier article en forme de restitution à César…

Victor, Delphine, Paul, Romain, Adrien, Jacinthe, Yuen, Maria, Paulo, Olivier, Manon, Gaspard, Valentine, Jules, Charline, Théo, Manon, Olivier, Victor, Véronique, Héloïse, Arnaud, Esteban, Tarik, Rim et tous ceux que j’oublie de citer (qu’ils me pardonnent) forment une grande cohorte d’enfants et d’adultes qui furent mes maîtres sur le chemin des troubles de fluence de la parole. Je pense à eux tous, et aussi à leur entourage, qui assista à ce travail souvent inconfortable, les accompagnant ce bout de chemin avec angoisse et espérance. Leur confiance me fut précieuse, et je les remercie de tout cœur d’avoir accepté mon aide.

Viennent ensuite dans ma gratitude toutes les collègues qui m’ont formée depuis 2005.

A commencer par Hélène et Marie, avec leur invite bienveillante à se lancer tout en s’équipant correctement pour l’aventure.

Lors de cette première initiation, j’ai découvert un monde dans lequel je descendais d’un supposé piédestal de savoir (bien mince encore après 4 ans d’exercice) pour entrer dans un partenariat avec les patients et leur entourage.

Sont venus ensuite les éclairages de « Dialogoris » et des « ateliers de parents » puis de Patricia, Anne-Marie, Elisabeth, Véronique, Rosalee, Yvonne, Vivian, Juliette qui ont approfondi, enrichi, étayé ma pratique. Ici encore que celles et ceux que j’oublie de citer n’en prennent pas ombrage. Tout cela sous le patronage de l’APB et de son précieux postulat de parité des personnes qui bégaient et des thérapeutes.

Enfin, il me faut citer ici Laurent et son blog « goodbye bégaiement ». Ressource précieuse entre toutes pour étayer mes propos ce blog fut d’abord un support de discussion avec les patients. J’y trouvais une parole plus légitime que la mienne, la parole de quelqu’un qui vit le bégaiement et a le souci de transmettre l’expérience des autres. J’y trouvais aussi une parole rare car observant le problème du bégaiement comme une force. Cela devenait un terrain d’expériences et aussi une occasion de bien se marrer. En bon passeur, Laurent sert sur un plateau des traductions d’auteurs anglophones et des exemples de personnes en mouvement et en recherche. Nos échanges se poursuivent jusqu’à des interventions en commun (au colloque de l’APB en mars 2018, au colloque de l’association LCO à Marseille en mars 2020). Qu’il soit ici remercié pour ce compagnonnage.

Dans mon travail en cabinet libéral, j’ai progressivement modifié mon attitude thérapeutique pour me placer entièrement dans un partenariat et une alliance complémentaire. Ainsi, enfants dès 2ans ½, parents, adolescents et adultes sont incités dès le bilan à être totalement acteurs et partenaires de leur propre changement.

J’incite en permanence à la mobilité de pensée et à l’ajustement, considérant que tel outil ou technique de fluidité de parole peut être pertinent dans une situation précise mais pas dans toutes les situations. Par conséquent, la parole confortable (y compris la parole bégayée ou bredouillée) devrait in fine être produite sans effort sur soi-même mais entièrement focalisée sur la qualité de l’échange avec l’interlocuteur.

J’ai donc cessé d’être « la gentille dame qui va tout réparer » pour devenir celle qui accompagne et ouvre des perspectives, amène toujours un peu plus loin et incite à l’ajustement. Le but ultime étant que les personnes puissent dire tout ce qu’elles veulent, à qui elles veulent, quelle que soit la situation et quelle que soit la fluidité de la parole.

Dans ce partenariat, le patient est expert de sa propre parole, les parents sont experts de leur enfant et je suis l’experte de la pathologie du langage et de la communication. Le premier travail est ici pour moi d’observer très finement pour nommer, décortiquer pour comprendre. Filmer, s’auto écouter dans le but d’être présent à l’interlocuteur, s’entrainer en s’enregistrant sont ensuite les moyens de parvenir à une communication de qualité, disfluences incluses !

Cours à l’université, formations continues viennent aussi alimenter et se nourrir de ma pratique. Tous ces chemins tracés permettent de se mettre en mouvement, de chercher ensemble, d’avancer malgré (et grâce à) la « petite casserole »* d’une parole disfluente.

Vous trouverez dans les articles du blog mes réflexions, des anecdotes, des suggestions pour vous nourrir et trouver votre propre chemin. N’hésitez pas à ajouter votre pierre à ce chemin par vos commentaires. A bientôt donc avec grand plaisir !

*  « la petite casserole d’Anatole », Isabelle Carrier (2009), éditions Bilboquet et court-métrage d’animation d’Eric Montchaud (2014), JPL films