porte ancienne en Italie

donner les cles

« Vous nous donnez les clés et c’est à nous de faire le travail » concluait une maman à la fin d’un groupe de parents d’enfants qui bégaient. Au-delà du plaisir d’entendre cette belle formulation du travail de l’orthophoniste, j’aimerais pousser plus loin la réflexion.

Quand les parents d’un enfant qui bégaie poussent ma porte, ils sont souvent loin de s’imaginer qu’ils sont au début d’un voyage que nous ferons ENSEMBLE. Perdus, désemparés, stressés par l’irruption des blocages dans la parole de leur enfant ils cherchent aide, soutien, conseils et surtout réparation. Commence alors un travail de fourmi qui nécessite patience, compréhension, attente, humilité et bien souvent SILENCE de ma part. Je crois avoir beaucoup cheminé dans la recherche de l’attitude du dialogue qui devient constructif. J’espère être sortie de la position de l’ortho qui redresse et répare la parole dans le secret de la séance. Par contre je suis au tout début du chemin pour ce qui est de garder le silence. Me taire reste difficile, laisser advenir dans la patience la parole des parents est un challenge, toute pressée que je suis de « rustiner » mes propres idées sur la vie de mes patients. « Toujours sur le métier remettez votre ouvrage »…

C’est ici que la formule des clés est si jolie, je souhaite me tenir à la présentation d’un trousseau bien garni.

Parmi ces clés voici selon moi les plus importantes, elles ouvrent les portes qui ont pour nom « silence », « observation », « échange », « regard », « attente ». Mais aussi « mécanique de la parole », « connaissances scientifiques sur le bégaiement », « jeu », « temps (spécial) », « humour, désensibilisation ».

Ce sont autant de possibles à explorer, tester, goûter ensemble.

Dans les départs souvent confus du chemin de soin des troubles de fluence c’est FAIRE ALLIANCE tous ensemble qui nous occupe et les disfluences sont notre boussole. Qu’elles envahissent toute la parole de l’enfant et l’ajustement de tous sera nécessaire. Qu’elles diminuent (soulagement !) et elles deviendront signal : « tiens, le système de l’enfant n’est plus à l’équilibre ».

Si notre chemin en commun arrive à sa fin, nous pourrons peut-être entendre cette phrase prononcée par une autre maman du groupe : « je suis contente parce que je sais que le bégaiement peut guérir complètement…mais en fait s’il est encore là pour Jules, eh bien ça m’est devenu égal parce que ce qui compte c’est qu’il soit heureux de parler et épanoui ».

Et vous, comment faites vous pour garder le silence ?

Envie d’aller plus loin ?