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Chroniques du Diplôme Universitaire ECSF: introduction

Cette année je me suis lancée dans le diplôme européen de spécialiste des troubles de fluence, proposé par le consortium ECSF depuis 15 ans. Ce diplôme universitaire chapeauté par Kurt Eggers et l’Université Thomas More d’Anvers propose une année de cours et travaux pour apporter de la réflexivité à la pratique orthophonique dans le domaine des troubles de fluence.

C’est un gros morceau, assez prenant (30 ECTS) mais extrêmement stimulant. Le programme comporte deux semaines de cours intensifs (Londres en septembre et Anvers en février), des lectures, recherches, devoirs individuels et de groupe, et surtout 120 heures de supervision.


Plusieurs motivation m’ont amenée à plonger dans ce défi :
La réflexivité sur mes pratiques : depuis maintenant 15 ans que je barbote dans la marmite du bégaiement je pense avoir beaucoup appris de tous mes patients et des lectures faites pour préparer les formations. Cela m’amène à fonctionner parfois très instinctivement, sans réellement savoir en quoi ce que je fais peut avoir une forme d’efficacité. Ce diplôme m’ « oblige » à écrire régulièrement des réflexions et notes suite aux séances, en utilisant le modèle de Korthagen qui me plaît bien : poser des intentions/observer la réalisation/relire a postériori l’éventuelle différence entre les intentions et ce qui s’est passé/dégager des pistes pour la prochaine séance. Cela s’ajuste aussi très bien avec le cadre « ACT » (interne et externe) que j’explore depuis maintenant 5 ans (merci Juliette !)


L’accès à la bibliothèque mondiale du savoir sur les troubles de fluence. Je me régale de lire des articles scientifiques sur le sujet, de suivre les pistes et de constater que les tendances de la recherche correspondent à mon vécu clinique. Je suis donc comme dans la caverne d’Ali Baba avec notamment l’accès à la bible « Bloodstein Bernstein Ratner » ou aux travaux d’Ellen Kelly sur l’auto-régulation émotionnelle, ou encore le travail sur les états du changement de Patricia Zebrowski et Naomi Rodgers.


Rencontrer « en vrai » des auteurs que je lis avec bonheur et dont j’admire le travail. Je me découvre un côté « groupie » totalement absent de mon adolescence ! croiser Alison Berquez pour lui dire mon admiration, discuter avec Kurt Eggers de ses travaux sur bégaiement et tempérament, échanger avec George Fourlas sur le Lexipontix et les techniques de façonnement de fluidité, et avoir comme coach Elaine Kelman, c’est Noël !


La supervision : 120 heures ! dont 20 heures d’observation. Pour ce projet un peu fou Hélène Vidal-Giraud a accepté de m’accompagner. J’en suis extrêmement touchée, d’autant que ma plongée dans la marmite remonte à une formation qu’elle est venue animer à Lille avec Marie Chabert en 2005. Filmer beaucoup de séances, dans le but de lui envoyer pour visionnage, m’oblige sous beaucoup d’aspects. Cela m’oblige à formuler plus clairement en séance mes intentions sachant qu’elles seront observées et analysées. Cela m’oblige vis-à-vis des patients qui acceptent de m’accompagner aussi dans ce chemin. J’y gagne un regard précieux sur mes fonctionnements et une invitation à ajouter à mon répertoire des façons de faire différentes.


– Enfin, last but not least, la rencontre avec des collègues d’Europe mais aussi de Lituanie, de Turquie, du Chili et d’Argentine. Quel plaisir d’échanger sur leurs façons d’exercer et de constater que le bégaiement est une langue universelle ! D’ores et déjà des envies de projets se dessinent avec la Belgique, l’Irlande, l’Italie, on verra bien ce qui aboutira.
Je réactive donc un peu le blog (en sommeil depuis plus d’un an !) pour vous faire chronique régulière de ces aventures du diplôme et de mes découvertes. J’espère donner envie à d’autres de tenter ce challenge qui vaut vraiment le détour !


Et vous, quels sont vos défis de l’année ?